bonjour.
Je vais publier des articles sur ce voyage dans les semaines qui vont venir
mais vous dire tout de suite que mon programme initial a été complètement bouleversé.
En résumé, je n'ai pas vu les 2 cratères Magni et Móði ni leurs belles laves.
C'est comme ça, il faut accepter que des conditions météorologiques défavorables et des problèmes techniques rendent un projet caduque, ne pas avoir de regret ni de frustration, avoir juste envie de revenir et retenter le coup.
Je vais donc tout de suite commencer par cet épisode.
Samedi 26 aout, je prends donc le bus à Reykjavík à 7h10 à destination de Þórsmörk.
C'est la fin de saison, je suis seule dans le bus, à mon grand étonnement quand même et celui du chauffeur.
Arrivée à 11h30, il pleut, comme la météo l'avait annoncé. Le temps doit être couvert demain, puis une prévision d'éclaircie et à nouveau temps couvert, ainsi variable toute la semaine. Ça n'empêche pas la randonnée, la pluie n'est pas un facteur qui m'arrête, j'ai un bon équipement.
Je plante la tente et vais marcher alentours du camp. Le camp est vide et triste.
J'aurai aimé monter au Valahnukur mais une brume m'y empêche.
Une roche m'appelle, je la ramasse, elle me fait penser à quelqu'un, on dirait qu'elle sort d'un tableau de Munch. Si elle veut m'effrayer, c'est raté.
Dimanche 27 aout, debout à 6 h du matin, le ciel est gris mais pas bouché, aller au canyon de Stakkhosltsgja? le courant de la rivière à passer est quand même fort, je ne veux prendre aucun risque inutile, alors je profite de la vallée de Hvannargil.
Vers 9 h je me dis que je ne vais pas rester coincée ici jusqu'à demain matin. Je préfère quand même le minéral au végétal et toute cette végétation qui regorge d'humidité ici ne m'"intéresse" pas, elle m'étouffe presque.
Je discute avec la gardienne du camp, la piste rouge est trop dangereuse selon elle, surtout seule, alors je vais prendre la bleue que j'ai faite l'an passé et que j'ai encore bien en mémoire. Je lui dis que je vais quitter le camp, pas d'autre consigne de sa part. Le temps est maussade mais on y voit bien.
D'ailleurs je marche bien, le sac à dos est lourd mais il y a là-dedans de la nourriture et de l'eau pour 6 jours et je planterai la tente où bon me semblera quand je serai fatiguée.
Vers 16 h il se met à pleuvoir, puis de plus en plus, et un brouillard s'installe.
1 couple (jeunes gens) me dépassent et s'inquiètent pour moi, ça doit être mes cheveux blancs!
je les rassure, j'ai ma tente, je la planterai si besoin. "Mais non, vous devriez aller au refuge, il n'est plus très loin" etc etc. Puis ils filent, ça marche vite, des jeunes et ils sont en trek, pas en balade.
1 heure plus tard, vraiment sale temps, j'aurai dû me poser mais, avec ces jeunes gens inquiets pour moi, je me dis: pourquoi pas rejoindre le refuge, ça va les rassurer et c'est pas le jour à faire ma sauvage.
Sauf que le refuge, je ne le trouve pas: les piquets jaunes métalliques confortables de 2 m de haut tout le long du chemin deviennent des piquets en bois pas très hauts qui, humides, se confondent avec la couleur du terrain.
Et facteur aggravant: mes lunettes, c'est la 1ère fois que je suis confrontée à ce problème, je ne vois rien avec car trempées dessus dessous, y'a pas d'essuie glace, et je ne vois rien sans! zut!
Je sais que je suis à moins d'1 km 1/2 du refuge, mais je ne vois pas le piquet suivant, je ne trouve pas le passage, je sais qu'il faut traverser la rivière à gué, les traces de pas de centaines de marcheurs sont effacées, bon sang de bon sang. On n'y voit pas à 20 m et le vent s'y met qui rend la pluie horizontale.
Pas question de perdre de vue le dernier piquet à ma connaissance, pas question de se perdre, alors à 19 h je me décide, je plante ma tente là, car à 21 h, c'est la nuit, pas question de me mettre en danger.
La tente: c'est une tente prévue pour la haute montagne, légère et rapide à monter, arceaux en fibre de carbone, la tente idéale. Mais un défaut de conception quand même: le double toit se fixe aux arceaux par des attaches thermo-collées. Son propriétaire m'informe que 3 attaches (sur 5) ont sauté cet été, mais que le tout a tenu dans les Pyrénées dans de mauvaises conditions météo.
à Reykjavik, après une nuit ventée et pluvieuse, un 6ème sens m'a dit d'acheter des pinces, au cas où... mais impossible de trouver des pinces à linge à Reykjavik, sans blague, alors j'achète 2 grosses pinces de bureau (30 € les 2) dans une librairie, c'est mieux que rien.
Et vlan, me voilà ici à Fimmvörðuháls à monter ma tente le plus vite possible pour éviter qu'il n'y ait de l'eau à l'intérieur, sous un vent terrible (surtout faire attention à ce que ça ne s'envole pas).
Dieu merci, je m'étais équipée de 6 sardines vis métalliques très longues, bien qu'elles pèsent à elles seules plus lourd que la tente! puis j'ai lesté tout ça avec les roches du cairn.
A peine rentrée dedans, l'attache thermocollée de devant se ... décolle, et j'entends la déchirure.
Pas bon ça.
Je ressors et mets là une des 2 pinces, je vois bien que ça va suinter quand même. et ça m'inquiète d'avoir une pince en moins sur le dessus.
Je rentre dans la tente, trempée, et commence à grelotter.
Pas bon ça non plus.
J'ai peur de l'hypothermie, j'essaie de téléphoner au refuge, il fait encore jour, je me dis qu'à 1 km 1/2 de là, on viendra peut-être me chercher, mais le téléphone ne marche pas, bien sur, alors je me rappelle du film islandais Béliers et des romans de Jon Kalman, et d'autres lectures de récits d'aventure et je décide de ne pas me laisser envahir par l'inquiétude.
Alors je gonfle mon tapis de sol, en fait c'est un véritable matelas isolant qui s'était avéré excellent lors du voyage précédent. Je me change entièrement, mets mon polo et mon collant Odlo, mes chaussettes de cachemire, mon pull islandais en vraie laine, ouf je me réchauffe, alors je décide de manger puis boire et ... dormir!
Je me glisse dans mon duvet haute montagne, autre excellent investissement, puis je gonfle mon petit oreiller : du luxe me direz-vous, mais pas que, c'est un véritable isolant également, je n'aurai jamais froid à la tête.
Je me cale contre mon sac à dos et je me dis "maintenant, tu dors!". Je sais que j'ai cette capacité là et je m'endors.
Bon, je suis réveillée plusieurs fois dans la nuit tellement ça claque, on dirait comme des coups de fouet, la tente bascule de droite et de gauche, mais les arceaux tiennent; je dois éponger plusieurs fois l'intérieur de la tente, le matelas est mouillé dessous mais jamais dessus, je me positionne pour bien rester dessus pour ne pas mouiller mon duvet, je dois tenir jusqu'au lever du jour, vers 6 h.
Le bruit est impressionnant, je me dis que, la bonne femme et le matériel ça fait dans les 80 kg tout compris, soit rien du tout, j'ai quand même peur de m'envoler!
à 6h du matin, ce lundi 28 août, il fait jour, on n'y voit pas plus que la veille, il tombe des cordes et je plie bagage.
J'essaie encore de trouver le passage vers le refuge, mais décidément, rien à faire, alors il faut savoir renoncer et je prends la direction de Skogar.
Je sais que Magni et Móði sont là, tout près, je dis à ces Dieux qu'ils ne sont pas sympas quand même avec moi mais que je reviendrai, que je les aime quand même. Tout ça, c'est à cause de Eole et Zeus, je les déteste ceux-là!
Et pour continuer mon roman, une descente casse-gueule dans des cendres boueuses puis,
mais je rêve, c'est quoi ce binz maintenant? un passage sur une véritable patinoire.
Marcher sur la neige, ok, ça c'est prévu sur cette rando, no problem, mais sur la glace!!!
Seulement quelques dizaines de m à faire, impossible d'y échapper, mais dès le premier mètre, on comprend vite qu'il va falloir faire gaffe. Dieu merci, j'ai pris 2 bâtons de marche nordique, c'est la première fois que j'emporte ce matériel, j'avais hésité à cause du poids supplémentaire à porter, mais je me disais que ça serait sécurisant dans les passages à gué. Et bien, pour marcher sur la glace, c'est indispensable.
Je vois deux personnes de l'autre côté, en face de moi, qui montent, tout aussi surprises.
Et zou, je tombe et j'ai un fou rire: je ressemble à une tortue sur le dos, les 4 pattes en l'air.
Impossible de me relever, le poids de mon sac à dos m'entraîne vers l'arrière, je pense le détacher mais j'essaie une autre option: j'arrive à me mettre à plat ventre, puis je me relève doucement, et alors, plus question de tomber.
Et zou, c'est le tour de la femme en face, mais son compagnon l'aide à se relever.
On se croise, je leur dit mon incapacité à trouver le refuge, ils me disent qu'ils n'y vont pas, qu'ils se rendent directement à Þórsmörk.
Je mettrai un temps fou à traverser ces quelques m.
Ne pas lever un pied si je ne suis pas sûre de pouvoir le poser plus loin sans risque. Faire des petits pas. Marcher sur les scories quand il y en a, caler les pieds dans les rigoles le plus possible. Planter fermement le bâton dans la glace et s'assurer qu'il est un vrai soutien. Un geste à la fois, si c'est la main qui travaille, le pied doit attendre, et réciproquement.
Une fois de l'autre côté, je m'offre une triple récompense: du Harðfiskur (morue séchée islandaise), une barre de céréales maison (faites par Yohann avec plein de miel), puis du chocolat (noir, de Madagascar).
Ensuite, sous la pluie, incessante, je descends jusqu'à Skógar, pas de difficultés particulières, j'ai entendu mais peu vu les cascades, quel dommage, et retour à l'humanité : plein de touristes à Skógafoss, malgré la pluie.
Trop tard pour le bus pour Reykjavik, les bus privés n'ont pas voulu me prendre, l'auto-stop n'a pas marché, la maison d'hôtes est complète, reste l'hôtel. 1 seul hôtel. Pas le choix, la tente est inutilisable.
Et là, je me dis que les vacances sont finies: 220 € la nuit.
Ça plombe un budget quand même, car plus question d'envisager un autre circuit, louer ou acheter une tente, ou aller en chambre d'hôtes, reprendre d'autres bus ou louer une voiture.
Je rentrerai sur Reykjavik le lendemain, j'appelle à l'aide mes adorables amis.
Mardi 29 août.
J'attends le bus, il y a une belle éclaircie, je prends quelques petites photos touristiques.
3 jeunes français m'offrent du saucisson, du fromage de montagne et du thé, je leur fais découvrir le
Harðfiskur.
Puis Olla et Stulli me réchauffent le cœur. Je pense changer mon billet d'avion pour rentrer plus tôt, mais c'est horriblement cher, ils m'en dissuadent et me disent de profiter de la capitale.
Mes adorables amis.
Alors maintenant, je vais vous raconter Blonduos et Reykjavik.
nb1: peu de photos car j'ai protégé mon appareil photo des trombes d'eau.
nb2: cette belle roche volcanique rouge (7 cm max) que j'ai ramassée en passant tout près des cratères, précieuse:
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